L’absentéisme de longue durée atteint à nouveau un niveau record
Deux fois plus d’absents de longue durée parmi les travailleurs à temps partiel
- L’absentéisme de longue durée (plus d'un an) a augmenté de 4 % au cours du premier semestre de 2025, atteignant un nouveau record de 3,51 %, soit 105.086 travailleurs absents pendant plus d’un an.
- Au cours des 11 dernières années, l'absentéisme de longue durée a augmenté quatre fois plus rapidement pour les contrats à temps partiel que pour les contrats à temps plein.
- Securex constate toutefois une évolution positive : pour la première fois depuis 2021, l'absentéisme de moyenne durée se stabilise.
Bruxelles, le 23 octobre 2025 - L'absentéisme de longue durée en Belgique a atteint un nouveau record au cours du premier semestre de 2025. C'est ce qui ressort d'une nouvelle étude réalisée par le prestataire de services RH Securex. Pas moins de 3,51 % des travailleurs ont été absents pendant plus d'un an pour cause de maladie, soit une augmentation de 4 % par rapport à la même période l'année dernière (3,36%). Il est à noter que l'augmentation du nombre de malades de longue durée ces dernières années est particulièrement marquée dans le cas des contrats à temps partiel, où le chiffre a augmenté quatre fois plus vite que dans le cas des contrats à temps plein.
Les travailleurs sous contrat à temps partiel sont plus exposés aux absences de longue durée
L'analyse de Securex montre que l'augmentation des absences de longue durée au cours du dernier semestre est plus marquée chez les travailleurs à temps partiel. En 11 ans, la proportion de malades de longue durée parmi les travailleurs à temps partiel a plus que doublé, passant de 2,13 % au premier semestre de 2014 à 5,41 % au premier semestre 2025. Chez les travailleurs à temps plein, l'augmentation a été plus progressive au cours de la même période, passant de 2,15 % à 2,99 %. Par conséquent, les travailleurs sous contrat à temps partiel ont aujourd'hui près de deux fois plus (x1,8) de jours d'absence pour cause de maladie de longue durée.
« Le problème est très nuancé et ne réside pas tant dans le travail à temps partiel en soi, mais plutôt dans une combinaison de facteurs », explique Christine Nauwelaers, HR consultant chez Securex. « Les résultats de notre étude menée auprès d'un échantillon représentatif de travailleurs montrent que les travailleurs à temps partiel sont plus souvent confrontés à une charge privée plus élevée, liée à la garde des enfants et/ou les soins aux parents. De plus, les travailleurs à temps partiel occupent souvent des emplois dans des secteurs soumis à des conditions de travail spécifiques qui peuvent également jouer un rôle. C’est ce regroupement complexe d’éléments, parfois combiné à des soucis financiers, qui rend ce groupe plus vulnérable à l'épuisement et aux absences de longue durée. En outre, une personne qui présente des problèmes de santé est plus susceptible d’opter pour un travail à temps partiel. Et celles qui souffrent déjà de problèmes de santé risquent davantage de s'absenter pendant une longue période. Cela explique également en partie l'écart entre les contrats à temps partiel et à temps plein. »
Les travailleurs qui reprennent le travail à temps partiel pour des raisons médicales après une période de maladie, mais rechutent ensuite, étaient jusqu'à récemment automatiquement classés comme étant ‘en arrêt de travail de moyenne durée’ ou, majoritairement, ‘en arrêt de travail de longue durée’. Une modification législative fin 2022 a partiellement corrigé cette situation, mais pas entièrement. Ils représentent donc un profil spécifique au sein du groupe des absents de longue durée sous contrat à temps partiel, y compris ceux qui ont repris le travail dans le cadre d’un nouveau contrat à temps partiel, souvent chez un autre employeur. Ce dernier groupe s’est fortement agrandit ces dernières années. L’impact qu’ils ont sur les chiffres globaux des absents de longue durée reste encore à déterminer à travers des recherches supplémentaires.
Bien que le nombre d'absences de longue durée chez les travailleurs à temps partiel ait fortement augmenté, la proportion de travailleurs à temps partiel est restée environ stable au cours des dix dernières années, avec une légère augmentation de 25,8 % à 26,4 %1.
Les femmes restent plus vulnérables aux absences de longue durée que les hommes
Les femmes travaillent plus souvent à temps partiel que les hommes, et les chiffres montrent qu'elles sont également plus exposées aux absences (de longue durée) : 4,79 % des femmes sont absentes de longue durée, contre 2,68 % des hommes. Cette proportion est encore plus élevée chez les femmes travaillant à temps partiel : 6,37 % des femmes à temps partiel sont absentes de longue durée, contre 3,62 % des femmes travaillant à temps plein. Selon Securex, cela est souvent lié à des circonstances personnelles comme les soins apportés à un enfants et/ou à un parent. En outre, les femmes sont plus nombreuses à travailler dans des secteurs où le travail à temps partiel et les taux d'absentéisme sont élevés, tels que les secteurs des titres-services et des soins de santé2.
« Le choix du travail à temps partiel est rarement un luxe, surtout pour les femmes. Il s'agit souvent d'une décision nécessaire pour pouvoir concilier travail et responsabilités familiales plus lourdes à la maison. Dans certains secteurs, il est aussi beaucoup plus difficile d'obtenir des contrats à temps plein », explique Christine Nauwelaers. « Les chiffres sont très clairs : 30,5 % des mères travaillent à temps partiel, contre seulement 6 % des pères3. Il est erroné de penser que moins d'heures de travail entraînent automatiquement moins de stress. La charge totale reste souvent au moins aussi élevée, ce qui conduit directement à l'épuisement et à des absences prolongées. »
Stabilisation des absences de moyenne durée : une évolution encourageante
Malgré l'augmentation préoccupante de l'absentéisme de longue durée, Securex constate également une évolution favorable au cours du premier semestre de l’année. Pour la première fois depuis 2021, le nombre d'absences de moyenne durée (malades entre 1 mois et 1 an) se stabilise, avec une baisse non significative de 2,53 % à 2,46 %. L'absentéisme de courte durée (moins d'un mois) reste également stable à 2,73 %.
Étant donné qu'une partie des absents de moyenne durée passe après un an dans la catégorie des absents de longue durée, il est possible que l'augmentation de l'absentéisme de longue durée se stabilise dans un avenir proche. Cela suggère que les efforts déployés par les pouvoirs publics et les employeurs pour intervenir plus rapidement et accompagner les collaborateurs portent éventuellement leurs fruits.
Le taux d’absentéisme global, qui comprend toutes les absences pour cause de maladie, est resté pratiquement stable entre le premier semestre 2024 et celui de 2025, passant de 8,62 % à 8,70 %.
Le soutien aux jeunes parents est crucial
Il est essentiel d'investir dans des structures d'accueil abordables et accessibles. En raison des changements sociétaux, tels que l'augmentation du nombre de familles monoparentales, le fait que les grands-parents travaillent plus longtemps et que les couples ont des enfants plus tardivement, l'accueil informel au sein des familles est de moins en moins évident. Cela augmente le besoin en structures d'accueil externes, alors que cette option n'est pas toujours accessible. Cette situation exerce une pression supplémentaire sur les familles. Un cadre légal flexible et favorable aux congés thématiques, tels que le congé parental et le congé pour aidants proches, est essentiel. La durée relativement courte du congé de maternité en Belgique oblige souvent les femmes à utiliser rapidement leur congé parental, ce qui réduit leur flexibilité à long terme.
Dans ce contexte, les employeurs jouent également un rôle clé dans la création d'un environnement qui favorise réellement l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée :
« Il est essentiel que les employeurs veillent à maintenir un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée, et créent une culture favorable et prennent soin de leurs collaborateurs, notamment ceux qui travaillent à temps partiel. Nos analyses montrent en effet que les travailleurs à temps partiel sont tout aussi motivés que ceux à temps plein. Ils offrent aux entreprises une flexibilité importante et contribuent à leur prospérité économique et sociale des entreprises », souligne Christine Nauwelaers.
1 Le travail à temps partiel | Statbel
2 Tous secteurs confondus, les travailleurs à temps partiel représentent 25 % de l’ensemble des contrats. Dans le secteur des titres-services et dans le secteur des soins, cette part est nettement plus élevée, avec respectivement 89 % et 59 % de contrats à temps partiel.
3 Sur base d'une enquête menée auprès d'un échantillon représentatif de 1 500 travailleurs en 2024. D'autres études le confirment : selon Statbel, quatre femmes sur dix travaillent à temps partiel (40,5 %), contre seulement un homme sur huit (12,8 %).
À propos de l'étude
Les chiffres présentés dans cette étude sont basés sur les données enregistrées par les employeurs. Ils s'appliquent à un travailleur moyen dans des entreprises comptant jusqu'à 1 000 travailleurs dans le secteur privé belge. Au premier semestre 2025, l'échantillon comptait 21 237 employeurs et 161 489 travailleurs. Les travailleurs de l'échantillon ont un contrat d'au moins 30 jours, dont au moins un jour dans la période étudiée.
La comparaison avec les données démographiques de l'ONSS montre que l'échantillon de Securex reflète le marché du travail belge en termes de statut, de sexe, d'âge des travailleurs et de taille des entreprises jusqu'à 1 000 travailleurs. Il est toutefois moins représentatif au niveau régional. C'est pourquoi Securex corrige les chiffres de l'absentéisme à l'aide d'un facteur de pondération spécifique à chaque province.
Contact